Selon le dernier rapport de l’INSEE paru en juillet 2025, près de 10 millions de Français vivaient (et vivent) sous le seuil de pauvreté en 2023, un chiffre jamais atteint depuis 1996. Les inégalités, elles, seraient en forte hausse.

Quand pauvreté rime avec précarité, 650 000 pauvres de plus par rapport à 2022 !

En 2023, le taux de pauvreté atteint un niveau record s’établissant à 15,4 % (+ 1 % par rapport à 2022) de la population occupant un logement ordinaire en France métropolitaine (en excluant les sans-abris et les logements mobiles). Ainsi, 9,8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté monétaire, fixé à 1 288 euros net par mois (soit 60 % du revenu médian).

Les familles monoparentales, les enfants mais aussi les chômeurs sont particulièrement exposés.

Après un recul en 2022, le taux de pauvreté des familles monoparentales est en forte hausse avec 2,9 points en 2023, entraînant mécaniquement une hausse de la pauvreté chez les enfants de moins de 18 ans (21,9 %, + 1,5 point). L’arrêt des aides exceptionnelles versées à une partie importante de ces familles (indemnité inflation, primes) et la revalorisation en deçà de l’inflation des allocations logement sont une des répercutions néfastes sur leurs conditions de vie.
Le taux de pauvreté des chômeurs augmente de 0,8 points et atteint 36,1 % de cette population. La réforme de l’assurance chômage, entrée en vigueur en février 2023, réduisant la durée d’indemnisation de 25 % pour les nouveaux entrants a été un facteur contribuant à cette aggravation.
La pauvreté touche aussi les travailleurs indépendants avec 19,2 % tous secteurs confondus (+ 0,9 %) et les personnes seules (20,3 %). La part de pauvreté des actifs de 18 ans et plus se situe autour de 10,4 % (9,7 % en 2022).
Quant aux retraités, si la hausse du taux de pauvreté est inférieure aux autres populations, il n’en demeure pas moins que 11,1 % des retraités sont pauvres, soit près de 1,9 millions de personnes.

Une très grande pauvreté dans les régions ultramarines !

Les départements et territoire d’outre-mer sont les plus durement touchés par la grande pauvreté. Selon les données de l’Insee de 2021 et le dernier rapport de l’Observatoire des inégalités de 2025, les taux de pauvreté sont colossaux : 77,3 % à Mayotte, 53 % en Guyane, 34,5 % en Guadeloupe, 36,1 % à La Réunion, 26,8 % en Martinique… La grande pauvreté est 5 à 15 fois plus fréquente dans ces départements qu’en France métropolitaine. Elle y est aussi beaucoup plus intense. Dans les 4 DOM historiques (Guadeloupe, Martinique, Guyane et La Réunion), les familles monoparentales, les personnes sans emploi ainsi que les retraités sont particulièrement touchés. Outre sa dimension monétaire, la caractéristique majeure de la grande pauvreté par rapport à des situations moins aiguës de pauvreté est la fréquence de privations, y compris pour des besoins fondamentaux comme la nourriture ou l’habillement.

Une hausse des inégalités qui se poursuit.

La moitié des personnes sous le seuil de pauvreté vit avec moins de 1 041 euros par mois. Un chiffre d’autant plus préoccupant qu’il coïncide avec une hausse des inégalités de niveaux de vie, comme le souligne le rapport.
Selon l’étude, les 20 % les plus modestes perçoivent 8,5 % de la somme des niveaux de vie et les 20 % les plus aisés, 38,5 %, soit 4,5 fois plus. Même après redistribution, les inégalités persistent : les niveaux de vie des 30 % les plus modestes diminuent, tandis que les 10 % les plus aisés voient leur niveau de vie croître de 2,1 %.
À noter également que dans ce contexte, les classes dites moyennes ne sont pas épargnées et bon nombre d’entre elles voient leur niveau de vie reculer.
12,7 % de la population serait en situation de privation matérielle et sociale en 2024. La privation matérielle et sociale, définie au niveau européen, approche la pauvreté de façon différente de la pauvreté monétaire. Elle s’attache à évaluer l’incapacité pour des personnes à couvrir des dépenses de la vie quotidienne. En 2024, 12,7 % de la population métropolitaine vivant dans un logement ordinaire est en situation de privation matérielle et sociale. Ces personnes ne peuvent pas, pour des raisons financières, couvrir les dépenses d’au moins cinq éléments de la vie courante sur une liste de treize (pouvoir chauffer son logement, acheter des vêtements neufs, se nourrir correctement, partir en vacances une semaine…).

Capitalisme sous perfusion, citoyens sous pression.

Pour Force Ouvrière, dans un contexte de crise économique et face à une dette publique qui a augmenté, le Premier ministre veut imposer un plan de restrictions budgétaires. Celui-ci prévoit une « année blanche » sur l’ensemble des prestations sociales, minima sociaux et pensions, le doublement des franchises médicales, le gel du barème de l’impôt sur le revenu et de la CSG, la suppression de jours fériés ainsi que la remise en cause de la 5e semaine de congés payés. L’objectif affiché est de réaliser 40 milliards d’euros d’économies dès 2026. Ce nouveau rapport officiel démontre, si besoin en était, que les inégalités et la fracture sociale entre les populations les plus vulnérables ou modestes et celles des plus aisés (les plus riches) ne cessent de s’accroître !
Or, et c’est un paradoxe, cette année encore, les entreprises ont reçu près de 200 milliards d’aides ou d’exonérations sans contrepartie ! Concernant celles du CAC 40, de 2017 à 2024, elles ont cumulé 858 milliards de résultats et reversé 549 Mds à leurs actionnaires. Dans le même temps, elles ont bénéficié de 498 Mds d’allégements et exonérations de cotisations sociales ! Nous sommes dans un capitalisme sous perfusion, financé par l’argent public !

Dans ce contexte, nous nous devons de combattre toute injustice sociale et rappeler à ceux qui nous gouvernent, le fondement de la création de notre Sécurité Sociale en 1945 : « Garantir à chacun, qu’en toutes circonstances, il disposera des moyens nécessaires pour assurer sa subsistance et celle de sa famille dans des conditions décentes. »

Combattre la pauvreté
C’est agir pour réduire les inégalités sociales et culturelles, c’est considérer la vie humaine comme une richesse bien plus importante que le capital, c’est permettre à chacun de s’émanciper dans la vie, d’avoir un travail qualifiant et un salaire lui permettant de vivre décemment, c’est combattre toute forme de souffrance.