Sur 3,3 milliards d’actifs dans le monde, plus de quatre sur cinq sont concernés par la fermeture totale ou partielle de leur lieu de travail en raison de la pandémie. Sur 548 mesures adoptées de début février à la mi-avril, 19,3 % sont des aides sociales, notamment destinées à soutenir les revenus. Un peu moins (15,7 %) relèvent de l’assurance chômage. D’autres (9,5 %) concernent la santé, notamment l’amélioration de la couverture maladie, et 9,1 % l’aide alimentaire.

Les catégories précaires sont partout les plus touchées : les travailleurs temporaires, à temps partiel et ceux de l’économie informelle. Dans les pays en développement et émergents, les 2 milliards d’actifs de ce secteur ont perdu en moyenne 60 % de leurs revenus durant les trente premiers jours de la crise. La perte atteint jusqu’à 81 % en Afrique et dans les Amériques.

Les états dotés d’un système partiel de protection ont été obligés de le compléter. Aux états-Unis, 30 millions de personnes se sont inscrites au chômage entre la mi-mars et fin avril. Un plan de 100 milliards de dollars a été adopté pour renforcer le Medicaid (couverture santé des plus modestes), créer un arrêt maladie d’urgence et élargir l’accès aux bons alimentaires ainsi qu’à l’assurance chômage. Mi-avril, quelques 18 millions de personnes touchaient ainsi une allocation chômage (contre 1,7 million avant la pandémie), près de trois fois plus que pendant la crise de 2008 - 2009. Pourtant, faute d’assurance maladie universelle, des dizaines de millions d’Américains restent sans indemnité maladie en cas d’arrêt et voient leurs dépenses de santé peu ou non couvertes.

Cette crise démontre ainsi le « rôle vital d’amortisseur social et de stabilisateur économique » que joue la protection sociale, qui « doit être considérée comme un investissement et non comme un coût supplémentaire », rappelle l’OIT.