Ce samedi 18 février, se déroulait en Tunisie une manifestation à l’appelle de l’UGTT (Union Générale des Travailleurs Tunisiens) à laquelle participait la Secrétaire Générale de la Confédération Européenne des Syndicats, Esther Lynch.

Il s’agissait d’une des nombreuses manifestations organisées simultanément dans plusieurs villes du pays pour protester contre l’arrestation d’un important responsable syndical local arrêté fin janvier, Anis Kaabi, responsable pour la branche autoroutes de l’UGTT mais également contre la dégradation de la situation économique, le licenciement de responsables syndicaux, des poursuites judiciaires malveillantes contre des syndicalistes, le recours aux forces de l’ordre pour surveiller et limiter les activités des syndicats et la promotion de syndicats jaunes.

La Secrétaire Générale de la Confédération Européenne des Syndicats, Esther Lynch, venue apporter la « solidarité de la part de 45 millions de travailleurs en Europe », s’est adressée à la foule réunie dans ce bastion historique du syndicalisme tunisien.  Elle s’est adressée au Président Saïed : « le monde voit ce que vous faites – vous devez mettre fin à vos attaques contre les syndicats, maintenant ».

Depuis « la révolution du Jasmin » et la chute de Ben Ali, Kais Saïed concentre tous les pouvoirs depuis 18 mois et a révisé la Constitution pour réduire les prérogatives du Parlement et revenir à un système ultra-présidentiel similaire à celui d’avant la Révolution de 2011 et la chute du dictateur Ben Ali. Le Président envisagerait même de supprimer des subventions en faveur des produits de base tel que la nourriture et l’énergie alors que son pays a vu son économie se détériorer avec une forte inflation (plus de 10 %), une augmentation de la pauvreté et un creusement de la dette.

« L’UGTT est le dernier rempart de défense de la démocratie tunisienne. La répression autoritaire du Président Saïed à l’encontre du syndicalisme ne pourra réussir. Le mouvement syndical mondial ne le tolèrera pas. » a affirmé Esther Lynch. Elle a invité le gouvernement tunisien à « s’asseoir et négocier avec l’UGTT pour trouver une solution » afin d’améliorer la situation politique et économique actuelle.

Pour seule réponse, les autorités tunisiennes, sur ordre du président Kais Saïed, ont ordonné le départ du pays d’Esther Lynch.