Dans l’actualité il y a quelques semaines, le patron d’Amazon se félicitait d’un scrutin dans lequel les salariés d’un de ses entrepôts (Bessemer, Alabama) rejetaient la création d’un syndicat (1 798 salariés contre 738 en faveur). Revenons sur les faits.

Depuis des années, Amazon s’est toujours efforcé de n’avoir aucun syndicat en son sein pour n’avoir à se justifier des conditions de travail, des salaires, de l’impact du covid sur ses salariés, de son impact carbone, de payer des impôts dans les pays où il exerce, etc.

Aux États-Unis, des salariés d’Amazon adhérents de leur syndicat RWDSU, ont organisé comme le prévoit la loi un scrutin afin de pouvoir requérir l’avis des salariés sur la création d’un syndicat. Pour bien comprendre le contexte, il faut revenir sur les deux axes de l’administration Trump : promouvoir un protectionnisme radical (contenir les importations et favoriser une relocalisation de la production) et procéder à la dérégulation des institutions du travail et des droits syndicaux. Pour cela, l’agence fédérale en charge de l’application du droit du travail, la NLRB (National Labor relations Board) a réduit de manière systématique les droits syndicaux comme restreindre la communication syndicale dans les lieux dits publics ou dans notre cas, accorder un délai supplémentaire aux employeurs entre la campagne de syndicalisation qui aboutit à l’autorisation de la tenue d’un référendum sur l’implantation d’une section syndicale et sa tenue effective. Ceci laisse plus de temps aux employeurs pour influer sur le résultat. Ainsi la loi permet aux employeurs d’obliger les travailleurs à assister à des entretiens individuels ou à des réunions au cours desquels des représentants de l’entreprise ou des consultants spécialisés mènent une propagande anti-syndicale, usent de menaces par rapport à l’emploi et des techniques de pression psychologiques bien rôdées (union busting). Dans notre exemple de Bessemer, Amazon a investi plus de 10 000$ par jour en consultant !

Le RWDSU, syndicat de la distribution a saisi l’agence fédérale sur près de 23 cas d’interférences illégales (intimidation, manipulations, chantage, etc.). Bien que le nouveau Président américain Joe Biden a encouragé les travailleurs américains à se syndiquer, rappelant que chacun avait le droit d’adhérer à un syndicat tout en adressant une mise en garde contre ceux qui souhaiteraient les en dissuader, le NDLRB persiste dans sa stratégie destructrice.

Aux États-Unis, à peine 6,8% des travailleurs sont syndiqués et la loi ne favorise pas aujourd’hui la syndicalisation. Selon un professeur de droit, « nous pourrions imaginer d’autres types d’organisation dans d’autres entrepôts d’Amazon, plutôt que des campagnes syndicales formelles dans le cadre du processus de la NDLRB ».

Parallèlement, Amazon va prochainement changer de président et si ce dernier va rester sur la lignée de son prédécesseur, Amazon reste toujours confronté à plusieurs défis : faire face à l’après covid, répondre aux différentes autorités de régulation de la concurrence ou assumer sa fiscalité en Europe.