Alors que le Groupe La Poste poursuit sa transformation à marche forcée, portée par une stratégie de diversification ambitieuse, les réalités vécues par les travailleurs des filiales méritent un éclairage approfondi. Car derrière les chiffres de croissance et les success stories de certaines filiales, se dessinent aussi des trajectoires contrastées en matière d’emploi, de statut et de conditions de travail.
Un groupe aux multiples visages
Avec près de 238 000 salariés en France, La Poste s’organise aujourd’hui autour de quatre grandes branches :
- Services-Courrier-Colis, cœur historique du Groupe, en déclin structurel avec la baisse du courrier. Elle comprend également Viaposte et Neolog, La Poste santé et autonomie, Médiaposte, La Poste nouveaux services, etc…
- Geopost, spécialiste du colis-express avec des marques comme DPD France, Chronopost, Pickup etc…
- La Banque Postale, qui s’est renforcée avec l’intégration de CNP Assurances, occupe désormais une place stratégique dans la bancassurance.
- Branche Numérique, en forte croissance avec Docaposte, Sefas, Serres, etc…
Cette stratégie de déversification répond à la nécessité de compenser la chute du courrier traditionnel par de nouveaux relais de croissance. Elle reflète aussi une volonté de s’ancrer dans l’économie numérique, la logistique et les services de proximité.
Des filiales en plein essor… mais à quel prix ?
Certaines filiales comme Geopost ou Docaposte affichent une forte dynamique : acquisition de startups, développement à l’international, conquête de nouveaux marchés, acquisitions d’entreprises innovantes (comme Maincare, dans la santé digitale). Mais cette dynamique, souvent saluée dans les bilans annuels s’accompagne d’un modèle d’emploi profondément différent de celui du cœur historique du Groupe.
Dans la logistique express, la sous-traitance est devenue la norme. Chez Chronopost ou DPD France, une partie des livraisons repose sur des travailleurs précaires, pour certains sous statut d’autoentrepreneur, parfois sans les protections sociales minimales. Néanmoins on note une dynamique d’internalisation des livraisons chez DPD France depuis trois ans. La pression sur les délais, les cadences et la rentabilité conduisent à une dégradation de la qualité de vie au travail, comme l’ont régulièrement dénoncé les représentants FO.
« Les résultats exceptionnels de certaines filiales masquent la souffrance silencieuse de celles et ceux qui les rendent possibles », rappelle FO Com.
Dans le numérique, les conditions de travail sont différentes, parfois plus avantageuses, mais l’enjeu est ailleurs : comment maintenir un dialogue social structuré, dans un univers managérial souvent calqué sur les startups, avec un faible taux de syndicalisation et une culture d’entreprise éloignée du modèle postal ?
Une mosaïque de statuts et de conditions de travail
Le Groupe La Poste est devenu une constellation d’entités où coexistent une grande diversité de statuts : fonctionnaires, salariés de droit privé, intérimaires, sous-traitants, autoentrepreneurs. Cette hétérogénéité complique la gestion des ressources humaines, mais surtout elle crée des inégalités de traitement criantes. À Viapost, par exemple, les salariés de Viapost Maintenance, Viapost Transport Management ou Neolog partagent parfois les mêmes sites que les agents de la maison-mère, mais leurs contrats, leurs règles RH et leur reconnaissance diffèrent profondément.
FO Com alerte régulièrement sur le risque de rupture du lien social dans un groupe historiquement fondé sur une mission de service public, et sur les dérives de cette organisation éclatée. « Le sentiment d’appartenance à une même maison s’efface à mesure que les conditions de travail divergent. Ce morcellement fragilise les collectifs et fait reculer la notion d’équité. »
« Le sentiment d’appartenance à une même maison s’efface à mesure que les conditions de travail divergent.
Ce morcellement fragilise les collectifs et fait reculer la notion d’équité. »
Quel modèle social pour un groupe avec des missions de service public devenu multi-entreprises ?
Le défi est immense : comment préserver une cohérence sociale dans un Groupe devenu « multi-facettes » traversé par des logiques parfois antagonistes ? FO Com appelle à bâtir un socle commun de garanties pour tous les salariés du Groupe, quels que soient leur statut ou leur entité.
Cela implique :
- La limitation du recours à la sous-traitance pour les missions pérennes.
- La reconnaissance de l’ancienneté et des compétences acquises, y compris en mobilité inter-filiale.
- Le renforcement du dialogue social, y compris dans les filiales jeunes ou délocalisées.
- La convergence progressive des droits, pour garantir l’égalité et la dignité de tous les travailleurs du groupe.
Le développement des filiales ne doit pas se faire au détriment des droits des salariés. FO Com poursuit son engagement pour défendre une vision du travail fondée sur la solidarité, la justice sociale et le respect de chacun. Face à un Groupe devenu multi-entreprises, c’est l’unité des salariés et la force de l’action syndicale qui feront la différence.
Les avancées syndicales obtenues des victoires à valoriser
FO Com à DPD des avancées concrètes pour les salariés
Chez DPD, FO Com poursuit son engagement aux côtés des salariés et obtient des résultats tangibles. Ces dernières années, les négociations annuelles obligatoires (NAO) ont permis d’importantes avancées salariales : des hausses de salaires en 2022 et 2023, une revalorisation de la grille, et une nouvelle augmentation de 2,5 % en 2024. FO a également obtenu l’élargissement de la Prime Qualité aux salariés ayant moins de quatre ans d’ancienneté, une prime de fin d’année portée à 1 300 €, ainsi que le versement des primes COVID et d’une prime exceptionnelle de 850 € à l’été 2021. Les changements de planning à moins de 7 jours donnent lieu à une indemnité de 24 €, les tickets-restaurant sont désormais accessibles à tous les salariés qui peuvent y prétendre, les paniers repas sont valorisés à 19 €, et la mutuelle est prise en charge à 70 % par l’employeur.
En matière d’intéressement et de participation, l’action syndicale a permis une nette progression du budget global, qui atteint aujourd’hui 6,5 millions d’euros. Une participation minimale est par ailleurs garantie à hauteur de 200 000 €, ce qui sécurise une redistribution équitable.
FO Com, c’est aussi une présence quotidienne, au plus près des équipes. Tous les salariés qui ont sollicité notre aide ont reçu un accompagnement. Par ailleurs, la gestion rigoureuse du CSE et de la CSSCT permet d’obtenir des améliorations concrètes des conditions de travail.
Sur le front de l’égalité professionnelle, FO Com a signé un accord garantissant le maintien du salaire pendant les congés maternité et paternité, ainsi que le cumul à 100 % de l’ancienneté pendant les congés parentaux d’éducation. Ces mesures apportent une réelle sécurité aux salariés concernés.
FO Com a, en revanche, fait le choix de ne pas signer l’accord Qualité de Vie et des Conditions de Travail, car deux revendications majeures sont restées sans réponse : l’instauration du télétravail pour les services clients et les fonctions administratives en agence, ainsi que la réduction du poids des colis. En effet, ceux-ci dépassent de plus en plus souvent les 30 kilos, notamment avec la livraison croissante de meubles, sacs de croquettes, pneus et autres produits lourds, au détriment de la santé des salariés. De plus, les quelques avancées de cet accord sont conditionnées au bon vouloir des responsables d’agence, ce qui en compromet sérieusement l’application sur le terrain. Nous ne comprenons pas les motivations qui ont poussé CGT et CFDT à signer cet accord qui n’apporte finalement rien de concret aux salariés.
FO Com reste mobilisée pour défendre les droits des salariés de DPD et obtenir des améliorations concrètes, durables et équitables pour toutes et tous.
Neolog Viaposte Industrie négocier pour améliorer les conditions de travail
À Neolog Viaposte Industrie, plusieurs négociations majeures sont en cours, dans le but pour FO Com d’améliorer concrètement les conditions d’emploi et de travail des salariés.
Accord sur l’Intéressement : trois critères ont été retenus pour déterminer le calcul de la prime d’intéressement : la productivité par site, la qualité de service et le taux d’accidentologie. Ces indicateurs serviraient de base pour l’évaluation collective de la performance. FO reste vigilante afin que l’intéressement réponde à son objectif premier : reconnaître l’engagement des salariés, sans pression supplémentaire déguisée.
Accord sur la Pénibilité : plusieurs critères ont été identifiés à ce stade des échanges : le travail de nuit, les cadences imposées, le travail répétitif, la polyvalence et l’alternance de postes (notamment pour limiter la manutention manuelle de charges). FO Com reste attentive à ce que la pénibilité soit correctement évaluée et prise en compte et qu’il y ait une réelle prévention de l’usure professionnelle.
Accord QVCT (Qualité de Vie et des Conditions de Travail) : Les axes abordés dans le cadre de ces négociations sont majeurs : l’organisation du travail, le dialogue social, la reconnaissance des compétences et des parcours, l’articulation entre vie professionnelle et vie personnelle, l’accès à l’information et à la négociation interne, et la lutte contre les inégalités. Ces points font l’objet d’échanges pour identifier des leviers concrets d’amélioration. FO porte une attention particulière à la faisabilité des mesures envisagées et à leur impact sur le quotidien des salariés.
Accord Séniors : Un projet d’accord visant à accompagner les salariés en fin de carrière est en discussion. Parmi les mesures proposées : la mise en place d’un entretien professionnel dès 55 ans, la possibilité d’aménagement de poste, les mécanismes de transmission des savoirs (mentorat, tutorat, binômes), les formations pour l’adaptation aux évolutions technologiques, l’attribution de jours de congés supplémentaires et le recours à la retraite progressive. Parce que chaque fin de carrière mérite d’être accompagnée avec dignité, FO s’investit pour des améliorations tant attendues par les salariés.
Les discussions se poursuivent. FO rappelle qu’aucun accord ne sera signé sans garanties solides sur les conditions d’application, la transparence des dispositifs, et le respect des droits des salariés. Les représentants FO Com restent mobilisés pour défendre des engagements applicables et justes.
FO Com Chronopost 2025, une année clé
Chez Chronopost, FO Com reste plus que jamais le syndicat de référence, porteur d’une histoire forte et d’un engagement constant. Depuis la mise en place des premières instances représentatives du personnel, le Secrétaire du CE, puis du CSE, est issu de nos rangs, un plébiscite unanime qui traduit la confiance des salariés dans notre action, notre rigueur et notre capacité à faire entendre leur voix.
Une représentativité solide et ancrée sur le terrain
Aujourd’hui, FO Com est présente dans l’ensemble des catégories socio-professionnelles (CSP), et occupe une place centrale dans le dialogue social au sein de l’entreprise. Avec 84 représentants de proximité répartis sur 34 sites, notre ancrage est concret, quotidien, et au plus proche des réalités vécues par les salariés. Cette proximité est l’un de nos atouts majeurs : elle nous permet de relayer efficacement les revendications et de faire remonter les problématiques.
GEPP : faire durer les négociations, faire avancer les droits
Dernièrement, FO Com s’est fortement mobilisée pour prolonger les discussions autour de la GEPP (Gestion des Emplois et des Parcours Professionnels). Notre persévérance a permis d’obtenir des avancées, notamment pour les salariés en fin de carrière. Des mesures spécifiques ont été actées pour mieux accompagner cette étape clé.
NAO 2025 : des résultats concrets pour le pouvoir d’achat
L’année 2025 marque un véritable tournant en matière de négociation salariale. Après plusieurs années d’inflation mal compensée, FO Com a obtenu des résultats à la hauteur des enjeux économiques et sociaux : de véritables augmentations salariales, une revalorisation des primes, et une meilleure prise en compte de l’ancienneté. Ces acquis sont le fruit d’un travail préparatoire rigoureux, porté par une équipe soudée, à l’écoute des salariés et ancrée dans le réel. L’accord signé par FO Com vise avant tout l’amélioration du pouvoir d’achat et la reconnaissance de l’engagement professionnel de chacun.
Des combats à venir, une mobilisation constante
FO Com est déjà pleinement engagée dans les prochains chantiers que sont l’égalité professionnelle, la QVCT (Qualité de Vie et Conditions de Travail) et la politique Handicap. Là encore, nous porterons des revendications fortes, avec la volonté claire d’obtenir des engagements forts de la part de l’entreprise.
L’efficacité de notre action se mesure aussi à la confiance que vous nous accordez : les adhésions à FO Com Chronopost ont progressé d’environ 30 %. Ce chiffre traduit non seulement la reconnaissance du travail de terrain, mais aussi la force collective qui se construit jour après jour autour de nos valeurs. Cette dynamique est le fruit de l’engagement de toutes et tous : du Secrétaire, de la Trésorière, des élus, et de chaque représentant FO mobilisés au service de tous. FO Com, c’est une force de proposition, une force de mobilisation, et une force d’action au service de tous les salariés de Chronopost.
FO Com, un partenaire social de premier plan chez BPO IS
Depuis le 1er janvier 2024, après avoir fait partie du Groupe Docaposte, BPO IS a rejoint le pôle BSCC du Groupe La Poste. Avec plus de 1 150 collaborateurs dont la majorité est essaimée sur environ 430 sites en France Métropolitaine et en Outre-Mer, la cohésion sociale et la communication avec les salariés représentent un défi majeur pour les organisations syndicales. FO Com BPO IS, 1ère organisation syndicale représentative aux dernières élections du CSE (28,91 %), attachée à la transparence de l’information, s’emploie depuis des années, avec un succès certain, à défendre les intérêts des salariés, via notamment des réunions bilatérales mensuelles avec la direction.
FO Com BPO IS, après avoir été souvent vilipendée par nos adversaires syndicaux avec des arguments fallacieux, fantaisistes, voire d’un autre âge, est une organisation syndicale qu’on écoute. La cohésion et l’esprit soudé qui animent notre équipe font de nous un partenaire social de 1er plan.
Ce respect, nous l’avons acquis
- par la qualité et la pertinence reconnue de nos interventions,
- par un suivi permanent de nos demandes. Quand on s’empare d’un sujet, on va jusqu’au bout,
- par le plein exercice du droit d’alerte,
- par le résultat de nos actions.
FO Com BPO IS revendique fièrement son attachement à son indépendance, à sa volonté de transparence, et son engagement auprès de tous.
FO Com chez SERES, filiale du groupe Docaposte
2023-2024 : Défendre les droits, préserver les acquis
L’année écoulée a été marquée chez SERES par des bouleversements majeurs, au premier rang desquels figure le changement de convention collective. Face à ce changement d’ampleur, FO Com s’est mobilisée pour garantir aux salariés une transition équitable. Un accord a été signé pour que les personnes déjà en poste ne perdent pas les avantages acquis au fil des années. Parmi les points notables obtenus par notre organisation : le maintien de la prime d’ancienneté pour les ETAM (employé et agent de maitrise), des améliorations sensibles des indemnités de congés maternité et paternité, la suppression du délai de carence en cas d’arrêt maladie, ainsi que la généralisation de la prime de vacances à l’ensemble des salariés, y compris les non-cadres.
Un dialogue social mis à l’épreuve
Côté négociations annuelles obligatoires (NAO) pour 2023 et 2024, FO Com avait formulé des propositions mesurées, en cohérence avec la santé financière de SERES et du Groupe. Ces revendications, portées dans un esprit de reconnaissance du travail fourni, auraient permis de mieux faire face à l’inflation persistante. Pourtant, ni la direction de SERES ni celle du Groupe n’ont souhaité les entendre. Une fin de non-recevoir d’autant plus regrettable qu’elle s’inscrit en décalage avec les besoins réels des salariés.
En revanche, des progrès notables ont été obtenus sur le terrain du télétravail. FO Com a négocié un élargissement des droits pour les salariés de plus de 55 ans, qui peuvent désormais bénéficier d’un troisième jour de télétravail par semaine. De plus, le télétravail n’est plus restreint géographiquement : chacun peut désormais exercer à distance depuis le lieu de son choix, offrant ainsi une souplesse dans l’organisation personnelle et professionnelle.
Préserver les accords existants
FO Com reste également vigilante quant au maintien des accords d’entreprise historiques. Il s’agit, entre autres, du dispositif de RTT (loi Aubry 2) permettant aux salariés de bénéficier de 22 jours de repos supplémentaires, du régime d’astreintes avec une rémunération adéquate, et bien entendu des modalités actuelles du télétravail. Ces acquis constituent des garanties concrètes pour les salariés, et notre organisation syndicale n’entend pas les voir remis en question.
Les discussions avec la direction se poursuivent. FO Com rappelle avec force qu’aucun accord ne sera signé sans garanties précises et favorables aux salariés. Dans un environnement en mutation rapide, notre priorité demeure inchangée : défendre les droits, garantir la transparence, et construire des avancées durables.