Gage de protection des citoyens et de réduction des inégalités, le Service public constitue un des piliers de la République. Pourtant de réformes à privatisations, les gouvernements successifs n’ont eu de cesse de casser ce modèle social unique et exceptionnel, invoquant la modernité et sacrifiant l’intérêt général. Bon nombre de citoyens sont attachés aux services publics. Globalement satisfait, une majorité de français se dit même prêt à payer davantage d’impôts pour améliorer leurs fonctionnements.
Force Ouvrière appelle à un réel débat afin d’établir les besoins actuels des Français et ainsi redéfinir les missions de Service public adaptées au monde d’aujourd’hui.

Le statut des fonctionnaires : 225 attaques en 30 ans

La logique libérale voudrait que tout ce qui est subventionné doit rapporter. Or, la vocation des services publics n’est pas de faire de profit mais de rendre de réels services aux usagers, un « amortisseur social » précieux. La conception du service public français et le statut juridique des fonctionnaires sont inacceptables aux yeux de cette élite qui cherche à faire ruisseler son idéologie libérale dans notre société. Pour autant, la France n’a pas de surreprésentation des agents publics. Au contraire, elle se situe dans la moyenne haute des pays développés, derrière les scandinaves et le canadiens, et juste devant le Royaume-Uni. Une étude de décembre 2017 réalisée par France Stratégie dénombre 89 agents publics pour 1 000 habitants (ndlr : et nous savons bien que ce chiffre n’est pas en évolution croissante…). Ce n’est ni leur évolution, ni leur nombre qui démontrent leur efficacité dans notre pays mais le fait que les agents publics sont protégés par la loi, dans le cadre d’un statut juridique garant de l’intégrité et de la neutralité.

égalité de traitement

Recul des relations physiques, corollaire du numérique

Pour les citoyennes et citoyens, les enjeux sociétaux sont nombreux. Le principal est lié à une problématique fondamentale : celle de l’inclusion numérique, c’est-à-dire la nécessité de donner accès à tous au numérique et surtout aux opportunités qu’il permet. L’étude Mazars réalisée en février 2019 nous donne quelques indicateurs prévisibles : près de quatre Français sur dix pensent que les outils numériques permettent de rendre les services publics plus accessibles mais 47 % considèrent que les dé-marches restent cependant compliquées et 80 % estiment que la digitalisation a conduit à une déshumanisation du Service public. Cette dernière donnée alerte notamment le défenseur des droits pour une raison plus qu’évidente. Le numérique engendre l’exclusion et est pourvoyeur d’inégalités, soit par défaut d’équipements techniques (détention d’outils informatiques, zones blanches), soit parce qu’ils ne maîtrisent pas les outils ou les modes opératoires à effectuer lors de démarches numériques, du fait de leur âge ou de leurs connaissances. À croire que la dématérialisation des démarches est avant tout menée pour réduire la dépense publique.

intérêt général

Quand tout sera privé, on sera privé de tout

La technique est bien rôdée pour faire adhérer à la nécessité des privatisations auprès de l’opinion publique. Noam Chomsky, célèbre linguiste américain, décrit avec objectivité ce mécanisme : « Comment détruire un Service public ? Commencez par baisser son financement. Il ne fonctionnera plus. Les gens s’énerveront, ils voudront autre chose. C’est la technique de base pour privatiser un Service public ». Les privatisations n’amènent rien de bon, tant du côté des usagers que de la politique d’emplois. Dans les années 2000, tout le monde se souvient du scandale qu’avait provoqué auprès des Français la privatisation des autoroutes, s’étant traduite par une hausse des tarifs pour les usagers et des rentes exorbitantes pour les concessionnaires. Le même scénario est en train de se reproduire avec la privatisation d’Aéroport de Paris. Les incompréhensions subsistent tant dans la vente d’un bien public qui rapporte (Résultat net Groupe ADP en 2017- 2018 : + 6,9 %) que sur l’enjeu du contrôle des frontières.

neutralité

Activités postales et télécommunications : qu’en est-il ?

En 1990, la séparation des PTT en deux entreprises bien distinctes fut le début d’un recul pour le Service public lié aux communications. France Télécom devenue Orange, les effets de la privatisation n’ont pas tardé à se faire sen-tir : baisse de développement et ouverture à la concurrence, diminution des effectifs et réorganisations fréquentes, fin du monopole et désignation au doigt mouillé des opérateurs chargés du service universel – et non plus de missions de service public – par le ministre chargé du Numérique, le dictat de la rentabilité était lancé ! . Un certain nombre d’usagers peuvent y voir une avancée en terme de prix des abonnements, mais le service rendu n’est pas forcément à la hauteur. Et oui ! En multipliant les concurrents, la course effrénée à l’extension du « portefeuille client » prend une dimension spectaculaire, au détriment du développement et de l’investissement permettant d’améliorer le service.
Pour les activités postales, le contexte européen depuis les années 2000 est loin d’être satisfaisant et on constate la libéralisation à tout va des Postes, entraînant également l’ouverture à la concurrence. Cette dernière n’a pas amélioré les services aux usagers mais pire, elle a fragilisé La Poste déjà en difficulté pour relever les défis de l’évolution économique, en particulier le développe-ment numérique. Face à la baisse du volume du courrier, due aux changements de mode de communication dans notre société, il est raisonnable de penser que La Poste doit s’adapter. Cependant, les réorganisations mal pensées et déployées de façon hasardeuse, au mépris des conditions de travail des postiers, sont monnaie courante. Actuellement, nous vivons le déploiement du ré-seau des maisons France Services. Ce projet a impliqué la restructuration du maillage de La Poste et conduit à penser que l’État souhaite la privatisation des services publics, en ayant pour seul objectif la réduction de la dépense publique.
En bref, la notion de service public s’éloigne un peu plus des usagers chaque jour, au détriment de l’égalité et de l’équité, valeurs dont Force Ouvrière est fermement attachée.

continuité de service