La transformation de La Poste prend une dimension surréaliste ! Chaque jour ou presque, les médias annoncent de nouvelles expérimentations plus ou moins pérennes afin de créer du chiffre d’affaires et de trouver de nouvelles activités aux postières et aux postiers. Ce sont les factrices et les facteurs qui sont principalement impactés par ces changements d’activités ou d’organisations, compte tenu de la baisse continue et inéluc-table de la volumétrie des courriers envoyés dans l’hexagone. La Poste veut devenir la première entreprise de «proximité humaine» et elle utilise la croissance externe pour être une entreprise d’aide à la personne. Première étape, le « produit» veiller sur mes parents: selon l’offre choisie, le facteur visite une, deux, quatre ou six jours par semaine, une personne âgée contre une somme d’argent. Il y a donc une réelle transformation du travail des postiers et de La Poste en elle-même. Et cela va continuer: il y a de moins en moins de «facteurs-lettre»: ces derniers étant obligés de s’adapter et devenant multi-casquettes. Ce qui induit des capacités d’adaptation fortes avec, à la clef, une recrudescence des risques psychosociaux.
Par ailleurs, soumis à une pression comptable et financière, les postiers sont de plus en plus chronométrés. Là encore, quelle que soit l’activité, le risque de voir apparaître des troubles musculo-squelettiques (TMS) prend de l’ampleur. Sachant que l’apparition des TMS est multi-conjoncturelle et que la pression par les chiffres n’est qu’une composante.
RPS, TMS, pénibilités physiques et psy-chiques… Tous ces problèmes de santé au travail peuvent se percevoir entre autres par un indicateur fiable : le taux d’absentéisme qui dépasse les 6 % et qui est donc large-ment supérieur à la moyenne des taux d’absentéisme dans les entreprises françaises. Comment concilier une bonne santé au travail et la transformation de l’entreprise ? Cette question est d’autant plus pertinente à l’heure de la révolution numérique que nous traversons.
Parce que la santé ne doit pas venir après le travail, alors que la mission «Lecocq»1 vient de rendre ses conclusions, FO exige plus qu’une énième déclaration d’intentions. Les travaux en cours peuvent être l’occasion de repenser la santé au travail dans une démarche plus globale, en lien étroit avec les enjeux de la santé publique et de la santé environnementale.
Il est, en effet, indispensable d’agir sur tous les déterminants de la santé et de se donner les moyens d’une politique de prévention véritablement efficace.
Pour FOCom, la santé au travail est une priorité depuis de nombreuses années. Elle doit se traduire par des actes. Dans cette continuité, FOCom organise un colloque dont le thème sera Santé au travail, transformation de l’entreprise: est-ce compatible?
Cet événement qui a lieu mercredi 3 octobre 2018 rassemble six intervenants. Il y aura notamment: Michel Debout, professeur de médecine légale et de droit à la santé, François Athané, philosophe, Catherine Gras, présidente de l’association Galillée, un think tank dédié à l’innovation au sein des fonctions publiques, Jean-Claude Delgenes, directeur du cabinet d’expertises Techonologia, et deux médecins du travail salariés de La Poste, Étienne Moulin et Jean-Michel Le Sceller. Ce colloque sera animé par Marianne Caussade, journaliste.

1 Du nom de la députée Charlotte Lecocq (LREM), qui s’est vue confier par le Premier Ministre Edouard Philippe une mission parle-mentaire sur la santé au travail portant sur deux axes :

  • une définition d’enjeux et d’objectifs sur le système français de prévention des risques professionnels,
  • son évaluation au regard des attendus et les leviers opérationnels à actionner pour atteindre les résultats.