Alors que les économistes martèlent l’emploi comme LA variable d’ajustement permettant aux entreprises de faire face à la crise, les salaires sont aussi dans les esprits de nos gouvernants. Les grands patrons l’ont même annoncé lors de la crise du COVID-19 : « nous allons baisser nos rémunérations pour participer à l’effort national! ». Mais tous ne se sacrifient pas à la même hauteur… Certains renoncent à près de la moitié de leur salaire fixe sur une durée de 6 mois, à l’image des dirigeants de Sodexo pendant que d’autres s’arrêtent à quelques pour-cent sur les seuls mois de mars et avril comme Alexandre Bompard, PDG du groupe Carrefour.

Ces annonces amènent une réflexion logique. N’est-ce pas une manœuvre fallacieuse pour faire intégrer cette idée dans la tête des salariés et de l’opinion publique? Car on ne va pas se mentir, les dirigeants peuvent être mis sous les feux de la rampe lorsqu’un scandale éclate aux yeux du  grand public. De même, une certaine irrégularité peut être constatée : les augmentations de salaires, de dividendes ou de stock-options sont toujours plus marquées que les baisses. Cette tendance est souvent observée lors des performances individuelles récompensées de ces grands dirigeants alors que le déclin de leur rémunération n’est seulement dû qu’à un contexte de crise…

Préparer les esprits? Ils le sont ! Selon le 9ème baromètre annuel du pouvoir d’achat réalisé par COFIDIS au printemps 2020, 41 % des français déclarent être touchés financièrement par la crise. La perte d’emploi et le chômage partiel ont contribué fortement à cette perte de pouvoir d’achat, n’occultant en rien les problématiques des ménages déjà bien établies.

La question de la baisse des salaires est un sujet de dupe. « On risque un effet contreproductif par effet de domino là où il faut soutenir la consommation et soutenir l’activité par la demande. À fortiori, parce qu’on prône à tout va notamment les relocalisations d’activités» déclarait récemment Yves Veyrier, Secrétaire Général de Force Ouvrière. Il a insisté sur la nécessité de réviser les modalités d’attribution des aides publiques accordées aux entreprises et de revaloriser les salaires des personnels qui ont « basculé » dans la catégorie des métiers essentiels avec la pandémie. Ces derniers se situent au SMIC ou tout juste au-dessus.

Toutes ces professions en bas de l’échelle des salaires doivent être au centre de toutes les attentions du gouvernement. Ils n’attendent pas de médailles, de primes ou autres remerciements symboliques. Ils veulent simplement vivre décemment de leur travail reconnu d’utilité publique et l’exercer sereinement avec de bonnes conditions de travail.

Alors, non ! La petite musique du « il faut se serrer la ceinture » ne passera pas! La revalorisation des salaires n’est pas négociable !