Le mercredi 2 août marquait cette année le « jour du dépassement de la Terre », c’est-à-dire la date à laquelle l’entièreté des ressources fournies par la planète en une année était consommée. À cette date nous avons donc commencé à vivre à crédit sur la nature. Pour repère, en 1971, le monde vivait à peu près en équilibre.
En France, ce jour du dépassement se situait au 5 mai 2023. Dans ce mauvais classement, l’hexagone se situe au 7ème rang mondial, les États - Unis, l’Australie et la Russie figurant sur le podium !

Un modèle pour demain…

La « révolution consumériste » n’a pas dit son dernier mot, et le capitalisme mondial continue de susciter de nouveaux besoins, de nouveaux désirs et donc de l’obsolescence programmée. L’économie linéaire reste le modèle ultra dominant : on extrait les ressources, on les transforme, on les consomme et on finit par les jeter.
Demain, le concept est d’allonger les cycles d’utilisation, d’éviter la mise en décharge et le prélèvement des ressources naturelles. Il s’agit de sortir de la vision : produire, acheter consommer, jeter ; pour entrer dans l’ère des « 4 R » : Réutiliser, Réparer, Recycler, Réduire. Il convient d’assurer une moindre dépendance aux matières premières.
Le succès du concept d’économie circulaire prend racine au tournant des années 2010, au lendemain de la crise financière de 2008 avec l’explosion des cours des matières premières et de la crise climatique. Depuis, la pandémie du Covid-19, la répétition des catastrophes naturelles, la guerre en Ukraine n’ont fait qu’amplifier le phénomène.
La solution serait fondée sur le cercle, d’éternel retour. Les acteurs publics et privés se sont lancés dans cette nouvelle économie. Les agences de notation ne sont pas en reste, elles fabriquent des grilles d’évaluation, elles travaillent sur des données (ORPEA meilleur élève de sa classe ?) le tout sans enquête de terrain. Ainsi en matière d’ESG (Environnement – Social – Gouvernance), le Groupe La Poste se voit largement qualifié pour sa politique en matière d’insertion des personnes en situation de handicap et pour l’importance de sa flotte de véhicules électriques, malgré l’existence d’un taux de suicides important et des congés de maladie traduisant le malaise social rampant dans l’entreprise.

La loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire (AGEC)

Cette loi date du 10 février 2020, elle n’a guère qu’un peu plus de trois ans, l’enthousiasme gouvernemental a pris le temps pour se traduire dans un texte législatif. Elle se décline en cinq grands axes : sortir du plastique jetable – mieux informer les consommateurs – lutter contre le gaspillage et pour le réemploi solidaire – agir contre l’obsolescence programmée – mieux produire.
Notre quotidien a ainsi vu l’interdiction des produits plastique à usage unique, la fin de la vaisselle jetable dans les fast-food (pour les repas consommés sur place), la généralisation de la collecte des emballages plastique, l’interdiction d’éliminer les invendus non-alimentaires, la mise en place du « bonus réparation » pour les appareils électriques et électroniques, la suppression des tickets de caisse.
D’autres mesures sont à venir : indice de réparabilité, indice de durabilité sur les produits électroniques, développer la consigne…

Optimiser pour une meilleure profitabilité

L’économie circulaire sonnerait ainsi le glas de l’obsolescence accélérée, nerf de la guerre du modèle consumériste, prédateur de la planète. L’idée de mise en place d’un circuit court est séduisante. Le recyclage permettant de relocaliser sur le territoire la production de matériaux dont l’appareil productif a besoin.
En première analyse, la satisfaction du consommateur est préservée à moindre coût et à moindre prédation sur l’environnement. Produire la même utilité à moindre coût, cela s’appelle « optimiser », fonction originelle du calcul économique. Les grandes entreprises de l’industrie et du commerce ont bien saisi qu’il y avait là de nouveaux profits potentiels et qu’en plus, cela permettait de verdir leur image.
L’enfer est pavé de bonnes intentions. Et s’il est un art où le capitalisme excelle, c’est bien celui de rentabiliser les bonnes intentions. L’économie circulaire vise la voie de la décroissance et de la décarbonation, elle vise à garantir le maintien de notre « confort » tout en garantissant l’avenir. Récupérée par le système, elle devient un nouveau filon d’affaires au bilan carbone plus que douteux !

Un engagement sociétal et social

Selon le syndicat professionnel regroupant 1 200 entreprises et près de 34 000 emplois, l’année 2023 s’avère décevante pour la quasi-totalité des 12 filières de recyclage. La baisse de la consommation est passée par là, moins de produits consommés, ce sont autant d’emballages collectés en moins. La collecte de déchets est en baisse de 4,5 %. À cela s’ajoute la baisse des cours des matières recyclées. L’inflation et la baisse du pouvoir d’achat sont aussi passées par là.
Force Ouvrière le dit et le répète, les politiques de mise en œuvre de la transition écologique se doivent d’investir dans la R&D afin d’élargir les possibilités de recyclage à l’ensemble des matières et matériaux. Cet investissement doit s’accompagner de la valorisation des métiers du recyclage que ce soit en usine ou dans les ateliers de réparation et de reconditionnement. L’occasion est ici donnée de maintenir et de développer des emplois de qualité dans un avenir durable et plus juste. La transition écologique requiert une vision prospective des emplois et des compétences et une offre de formation adaptée aux nouvelles exigences en matière de qualification et d’expertise. Les travailleurs et leurs représentants ne peuvent être ignorés dans les transformations qui s’annoncent.
Dans nos domaines d’activités, nous attendons de nos entreprises qu’elles associent à leurs engagements écologiques des engagements socialement responsables. Ainsi, la prise en compte des enjeux environnementaux ne peut servir à la réduction du nombre de sites et à la densification des sites restants. Tout au contraire, la transition écologique doit permettre de favoriser la proximité géographique dans nos entreprises en charge de services publics. Soutenir la mobilité bas carbone ne peut en aucun cas justifier une restriction de l’usage de véhicules de service par manque de véhicules électriques disponibles ou encore, inciter des salariés qui ne le souhaiteraient pas à télétravailler.

Pour FO Com, être socialement responsable c’est investir dans l’emploi durable face à l’emploi jetable, c’est respecter les conditions de travail et les améliorer !