La protection des lanceurs d’alerte dans le monde est rarement née de la vertu spontanée d’un peuple (hors la Suède en 1766), elle naît généralement d’une série de crises et d’affaires, coûtant des centaines de vies humaines, ruinant des pans de l’économie, sapant les fondements de la confiance. Ce sont par exemple l’affaire des papiers du Pentagone en 1971, le scandale du Watergate, le déraillement d’un train, l’explosion d’une plate-forme pétrolière, le naufrage d’un ferry, la faillite d’une banque dans les années 90 jusqu’à aujourd’hui en France les scandales de l’amiante, du sang contaminé, du Mediator et de Jérôme Cahuzac.

« Le droit d’alerte rassemble les personnes qui ont mis l’impératif de transparence au-dessus de leur propre quiétude et de leur sécurité. Longtemps décrié en France comme une rupture de solidarité et assimilé à la dénonciation, il est aujourd’hui reconnu à sa juste valeur, c’est le cri des veilleurs qui protègent la cité endormie» (Jacques Terray, revue des Juristes de Sciences Po, juin 2014.)

La loi française a évolué en 2013 mais celle-ci ne définit toujours pas le lanceur d’alerte, ni d’agence indépendante, ni de sanctions pénales pour les auteurs des représailles, etc. Le point qui apparaît socialement le plus grave est l’absence de soutien institutionnel aux victimes, pendant comme après leurs procès.

Il y a quelques mois, pendant la crise sanitaire, des salariés d’Amazon en Europe ont été licenciés parce qu’ils revendiquaient des masques et du gel ! Aux côtés d’autres organisations et associations mondiales, FO Com a appelé toutes les autorités publiques et les entreprises à protéger ceux qui dénoncent les préjudices, les abus et les actes répréhensibles graves pendant la crise COVID-19 et au-delà. Les travailleurs prennent quotidiennement des risques pour maintenir les nombreux services essentiels sur lesquels nous comptons, en particulier en ces temps, nos services de santé, les soins aux personnes âgées et autres services sociaux et publics, ainsi que l’approvisionnement en nourriture et la logistique, pour n’en citer que quelques-uns. Le droit et l’importance de ces travailleurs à un environnement de travail sûr et à s’exprimer sur les menaces pour la santé et la sécurité publiques, la corruption et d’autres abus doivent être reconnus et protégés. Leurs révélations sont essentielles pour prévenir les catastrophes majeures et réduire les impacts de la crise sur nous tous, en particulier sur les membres les plus vulnérables de la société et sur nos systèmes démocratiques.